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Comment l’air intérieur est souvent plus pollué que l’air extérieur

Comment l’air intérieur est souvent plus pollué que l’air extérieur

Comment l’air intérieur est souvent plus pollué que l’air extérieur

Un air intérieur cinq fois plus pollué que celui de l’extérieur ?

Il est souvent tentant de croire que rester à l’intérieur de son logement constitue une protection efficace contre la pollution. Après tout, les particules fines, les gaz d’échappement et les allergènes sont d’abord associés à l’environnement urbain, aux routes fréquentées, aux zones industrielles… Pourtant, plusieurs études viennent ébranler cette intuition rassurante : l’air intérieur peut être jusqu’à 2 à 5 fois plus pollué que l’air extérieur, voire davantage dans certains cas spécifiques.

Cet écart s’explique par une combinaison de facteurs souvent invisibles à l’œil nu : matériaux de construction, produits ménagers, ventilation déficiente, combustion, comportements domestiques… Autant d’éléments qui, dans un espace confiné, contribuent à dégrader la qualité de l’air. Dans un contexte où nous passons en moyenne 80 à 90 % de notre temps en intérieur, cette problématique mérite une attention particulière.

Les principales sources de pollution intérieure

La pollution de l’air intérieur ne provient pas d’un seul polluant, mais d’une multitude de substances chimiques et biologiques, souvent issues de sources domestiques anodines. Voici quelques exemples concrets.

Individuellement, chacun de ces éléments peut sembler anodin. Mais leur accumulation, dans un environnement mal ventilé, crée une concentration de polluants pouvant avoir un impact réel sur la santé.

Des effets insidieux sur la santé

Respirer un air intérieur pollué de manière chronique peut provoquer divers symptômes, parfois légers, parfois plus graves. Parmi les atteintes fréquemment observées, on trouve :

Les populations les plus vulnérables sont les enfants, les personnes âgées, ainsi que les individus souffrant de troubles respiratoires chroniques. Les jeunes enfants, en particulier, inspirent un plus grand volume d’air par kilogramme de poids corporel, les exposant davantage aux toxines présentes dans l’air intérieur.

L’air intérieur dans les habitations modernes : un paradoxe constructif

Les normes d’isolation thermique ont permis de faire de réels progrès en matière de performance énergétique, réduisant les pertes de chaleur et améliorant le confort thermique des logements. Toutefois, elles ont aussi contribué à rendre les habitations plus hermétiques, diminuant drastiquement le renouvellement naturel de l’air.

Si aucune mesure de ventilation mécanique ou de renouvellement régulier de l’air n’est prévue, ces environnements peuvent piéger les polluants domestiques. Autrement dit : un logement bien isolé mais mal ventilé devient un piège à polluants.

Ce phénomène est encore accentué dans de nombreuses constructions récentes, où le recours à des matériaux synthétiques ou traités chimiquement est plus fréquent. Revêtements de sol, colles industrielles, peintures à effet, bois composite… tous ces éléments peuvent relarguer des COV pendant des mois, voire des années.

Que dit la réglementation ?

En Suisse, comme dans plusieurs pays européens, la qualité de l’air extérieur est étroitement suivie par des réseaux de surveillance. En revanche, la qualité de l’air intérieur ne fait pas encore l’objet de normes obligatoires généralisées pour les habitations privées, bien que des recommandations soient émises par des organismes de référence comme l’OFSP (Office fédéral de la santé publique).

Des directives spécifiques existent cependant pour les lieux publics (crèches, écoles, hôpitaux) ou certains environnements professionnels où les niveaux de polluants doivent être contrôlés régulièrement. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), de son côté, a formulé des valeurs guides concernant les niveaux admissibles de certains polluants dans les environnements clos.

Comment améliorer la qualité de l’air intérieur ?

Bien que le problème semble complexe au premier abord, il existe des gestes simples et efficaces pour améliorer la qualité de l’air chez soi sans nécessairement recourir à des solutions coûteuses ou à des gadgets électroniques parfois peu utiles.

Au-delà des gestes individuels, certains équipements peuvent être un complément utile dans des contextes spécifiques : capteurs de CO2 pour veiller à un bon renouvellement d’air, absorbeurs d’humidité dans les pièces peu ventilées, ou purificateurs validés par des tests indépendants pour les foyers sensibles.

Des habitudes durables, pas des remèdes miracles

Face à la complexité de la pollution intérieure, l’essentiel n’est pas de chercher à tout purifier à l’excès, mais d’adopter des gestes cohérents, basés sur des principes simples : ventilation, réduction des sources de polluants, choix réfléchis de matériaux ou produits domestiques. Inutile de transformer son salon en laboratoire hermétique ou en salle blanche.

Ce changement passe aussi par un regard critique sur certains messages marketing : une plante verte ne remplace pas une aération, un diffuseur aux huiles essentielles ne « purifie » pas l’air, et un spray à la lavande ne neutralise pas les polluants chimiques. Certaines solutions vendues comme miraculeuses peuvent même aggraver le problème en ajoutant d’autres composés volatils dans l’atmosphère.

Vers une prise de conscience élargie

La lutte contre la pollution de l’air intérieur repose sur une combinaison de responsabilité individuelle, d’évolution des pratiques de construction, et d’encadrement réglementaire renforcé. Les données scientifiques s’accumulent et confirment l’ampleur du phénomène, mais il reste encore un pas à franchir pour inscrire cette problématique dans les réflexes de chacun.

En prenant conscience que la qualité de l’air que nous respirons chez nous n’est pas acquise par défaut, mais s’entretient, nous faisons un premier pas vers une meilleure santé au quotidien. Et si la prochaine révolution environnementale passait aussi par nos propres intérieurs ?

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